Mille vies » Mort

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Mort

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Jusqu’à preuve du contraire, la conscience de notre finalité est ce qui nous distingue de l’animal et des autres formes de vie sur terre. Même occultée, cachée et maquillée comme elle peut l’être dans nos sociétés modernes, elle reste la question souveraine de chacune de nos vies : oui mais, après ?

L’histoire de la mort est une histoire fascinante parce qu’elle rend compte des aspirations et des croyances des humains et de leur époque. Une réponse donnée à la question de la mort va bien au-delà de la résolution du drame de nos vies individuelles. Si cette réponse a le pouvoir de calmer les angoisses, elle conditionne également les positions politiques et économiques, elle régit les interactions entre les hommes et les femmes, elle définit le sens donnée à la jeunesse et à la beauté, elle impose des règles de conduite et d’enseignement, elle marque les paysages de sa culture et les villes de son architecture.

Ainsi, l’architecture médiévale est toute empreinte d’une conviction d’espoir et de libération. La vie terrestre n’est qu’un passage obligé semé d’embuches et d’incompréhensions. La croisade sur Terre, aussi sanglante soit-elle, n’est qu’un dur et court moment. La vie est ailleurs. Et les flèches des clochers des cathédrales pointent vers le ciel et tentent de l’atteindre. Les châteaux sont fortifiés et les fenêtres sont des meurtrières. L’au-delà est le but de la vie terrestre et la mort son lourd pont-levis.

À la Renaissance, à l’époque de Gutenberg et de l’imprimerie, de Colomb et des grandes découvertes, de Florence et de Da Vinci, le monde devient plus accueillant. L’Occident sort de sa torpeur. La vie peut être belle. Et les églises deviennent coupoles et les châteaux ouvrent leurs fenêtres sur la vie terrestre et sa lumière.