Mille vies » Censure

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Censure

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« Pour être un membre irréprochable parmi une communauté de moutons, il faut avant toute chose être soi-même un mouton. »

— Albert Einstein
Comment je vois le monde

La plus grande institution de censure que l’humanité ait connue est celle de l’Église catholique romaine. En 1559, en pleine Inquisition, Rome crée l’Index Librorum Prohibitorum. L’Index est mis à jour jusqu’à sa dernière édition en 1948. On y retrouvait alors les écrits de Voltaire, Descartes, Rousseau, Lafontaine, Diderot, Pascal, Larousse, Stendhal, Hugo, Dumas père et fils, Flaubert, Zola, Defoe pour Robinson Crusoe… mais aussi toute l’œuvre d’André Gide et de Jean-Paul Sartre en 1952 et 1959, de Simone de Beauvoir en 1956. En 1966, l’Index Librorum Prohibitorum cesse d’être une liste officielle des livres prohibés par la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office.

Il va sans dire que le contrôle religieux exercé au Québec a été un rempart contre ces livres interdits venus de l’étranger autant que pour d’éventuelles publications d’auteurs d’ici. Le roman, issu de l’imaginaire, était particulièrement visé. Au cours du 19^e siècle et jusque tard au 20^e siècle, la censure se faisait en amont de la lecture.

Au 19e siècle, la bibliothèque de l’Institut canadien de Montréal est d’ailleurs la cible des censeurs de l’église et de Mgr Bourget puisqu’on peut y lire Hugo, Lamartine et Voltaire, des auteurs mis à l’Index par le Vatican. L’évêque de Montréal se bat contre l’institution qui défend l’autonomie de sa bibliothèque. En 1869, l’Annuaire de 1868 de l’Institut canadien de Montréal est mis à l’Index et sa bibliothèque est considérée comme un lieu de perdition. Cette même année, Mgr Bourget reçoit l’autorisation du Vatican d’excommunier tous les membres de l’Institut qui ne se soumettront pas à son autorité.

L’Institut canadien de Québec doit sa survie à son acceptation de l’ordre de Mgr Bourget de libérer ses rayons des livres soumis à l’Index Librorum Prohibitorum et de son propre contrôle. L’Institut canadien de Montréal refuse et en subit les conséquences…

Pour démontrer l’opposition de l’Institut à l’ingérence de l’Église et à l’iniquité qui a pu résulter de la mise à l’Index, plusieurs conférences sont organisées dont celle de Louis-Antoine Dessaules sur les travaux de Galilée et ses déboires avec l’Église catholique.